Axéréal ose un plan de restructuration pour son activité agricole

Pour l’exercice 2023-2024, le chiffre d’affaires d’Axéréal s’est établi à 4,09 Mds€, en baisse de 19 %. « Ce chiffre reflète la volatilité des cours et, notamment, la tendance baissière des prix des céréales », a souligné Xavier Boulat, directeur adjoint et directeur administratif et financier, jeudi 12 décembre, lors de l’assemblée générale du groupe à Orléans (Loiret). Le résultat d’exploitation, lui, est en hausse de 10 % et a atteint les 157 M€.

Une performance soutenue par la transformation, puisque malgré la baisse des volumes, les activités malt et meunerie ont su préserver leurs marges. « En dépit de l’inflation qui pèse toujours sur la consommation des ménages et qui a contracté le marché de la bière, les résultats de la filiale Boortmalt ont été bons », a-t-il fait savoir. Pas moins de 2,6 Mt de malts ont été vendus.

« Un plan pour rebondir »

Paul-Yves L’Anthoën, directeur général d’Axéréal, n’a pas manqué de rappeler la situation difficile dans laquelle est plongé le milieu agricole : « Nous avons traversé le Covid, la guerre, la flambée des prix et des taux d’intérêt et, cette année encore, un accident climatique, avec une baisse prévue de 25 % sur la collecte 2024. » Face à ces défis, le groupe a pris conscience de la nécessité « d’évoluer vers davantage de performance et d’agilité, et donc de réinventer son business model », ajoute Xavier Boulat.

Depuis cet été, Axéréal a lancé « Oser », un plan de restructuration pour son activité agricole. « C’est un plan pour rebondir, appuie Jean-François Loiseau, président d’Axéréal. Les aléas sont de plus en plus importants, il faut que nous soyons plus souples et plus réactifs. L’objectif est d’anticiper pour ne pas subir. »

Économiser 40 M€

Toujours en phase de construction, ce plan est axé sur la simplification, l’accélération de la dynamique commerciale et la recherche de nouveaux leviers de croissance. Entre « la modernisation du parc matériel, l’amélioration de la politique commerciale en appro et en collecte, la diminution des frais fixes, la digitalisation, la révision de la logistique… », une centaine d’initiatives ont déjà été identifiées pour les deux prochaines années. Au total, Axéréal ambitionne d’économiser 40 M€.

« Le groupe est en train de finaliser son refinancement, ce qui va nous donner de la visibilité sur les cinq prochaines années et nous permettre d’exécuter notre plan stratégique », informe Xavier Boulat.

Intact signe avec Rémy Cointreau

Malgré une météo capricieuse, la société Intact, dont Axéréal est actionnaire, a démarré en juillet la construction de son usine dédiée à la production de protéines végétales et d’alcool bas carbone à Baule (Loiret). Et depuis mi-novembre, la société a signé son premier partenariat avec Rémy Cointreau, acteur mondial des vins et spiritueux, pour la fourniture de l’alcool neutre élaboré à partir de légumineuses, Pulse.

Ce partenariat, d’une durée de trois ans, débutera en janvier 2026 et concernera la production de la célèbre liqueur d’orange Cointreau. Intact s’engage à livrer chaque année un minimum de 20 000 hl d’alcool pur Pulse, représentant 3 500 ha de légumineuses.

Pour Rémy Cointreau, l’enjeu est de réduire son empreinte carbone. Grâce à cet approvisionnement, le groupe pourrait économiser 1 200 t équivalent CO₂, soit une baisse de 5 % de son bilan carbone. « La Maison Cointreau va devenir la première marque de spiritueux dans le monde à intégrer l’alcool de légumineuses bas carbone dans son approvisionnement », se félicite Mélanie Bulourde, directrice des opérations et de la RSE du groupe de spiritueux.

De son côté, Axéréal poursuit sa trajectoire de décarbonation ; en France, 45 000 hectares sont engagés dans le bas carbone à travers 240 agriculteurs.